Flamme
Flamme
L’exercice que j’avais fait dans la matinée était celui d’une danse, d’un ballet,
sans soie, sans rose, sans pliées, mais une coulée bleue de prose toute encrée
qui débordait sur les pages, qui provenait d’une plume dotée d’une voix
sauvage.
Dehors
il pleuvait, à l’intérieur aussi. Dehors, la terre fertile accueillait des
gouttelettes en forme de perles imparfaites, à l’intérieure les points de
ponctuations et virgules tombaient sur les papiers devenues riches et saturées
eux aussi en narration.
Quelques contemplatifs solitaires qui s’enivraient de ces expéditions, se métamorphosaient
en machines à faire, à produire, à partager ou à se taire. De toutes les œuvres
partagées (et il en fut de
charmantes), la plus belle était le lieu dans lequel on se créait.
C’était une flamme
cette maison, perdue parmi les arbres pleureurs qui accompagnait la pluie dans
sa lamentation, tel le Garsington Manor dont fréquentaient Aldous Huxley et
T.S. Eliot. On y trouve des cœurs lourds et remplis, des poèmes belliqueux, des
couloirs peuplés par de petits bruits, et le crépitement rassurant d’un feu.
Telle une vaste étendue d’eau cristalline et claire, on s’esquivait dans la nature, et on respirait de la
littérature comme on inspire de l’air.
* Exercice de réécriture et d'invention à The Burn, 2018.
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